le mix electrique 100% enr de l'ademe : mensonge ou intox ? 

 Sylvestre Huet, journaliste à Libération, publie une analyse sans complaisance du récent rapport de l'ADEME.
10/11/2015 

Le rapport de l'ADEME affirme que la France métropolitaine peut s'alimenter en énergie 100% renouvelables à un prix comparable au nucléaire. Les promoteurs des énergies renouvelables, et les responsables politiques qui les soutiennent, se sont évidemment réjouis de ce rapport qui semble soutenir leurs si lucratives entreprises.

Hélas il faut croire qu'ils ont lu le rapport un peu vite ou qu'ils ne l'ont pas lu du tout, comme l'écrit le journaliste de Libération : "On aurait donc pu espérer que les responsables politiques ou associatifs le lisent, ou s'en fassent au moins communiquer une fiche de lecture synthétique, avant d'en tirer des conclusions dans l'heure qui a suivi sa publication. On a eu droit un festival de slogans proclamant "100% de renouvelables, c'est possible et pas cher", prouvant qu'aucun des élus et porte-parole d'associations qui se sont exprimés n'avaient lu ne serait-ce que le préambule."

En effet, une lecture attentive du rapport leur aurait montré que :
  • dès son préambule le rapport confesse n'être qu'une étude théorique ne tenant compte ni de l'existant, ni des scénarios pour arriver au résultat présenté. Comme si par un coup de baguette magique on faisait disparaître l'existant et que l'on couvrait la France de 50 000 éoliennes, 500 km2 de centrales solaires au sol, de dizaines de milliers de toits équipés en panneaux photovoltaïques, de systèmes utilisant l'énergie des vagues, d'usines produisant du méthane pour stocker l'électricité excédentaire, etc. etc. 
    Autrement dit, une très grande partie, voire la majorité, des coûts sont omis dans l'étude. Ce qui n'empêche pas les auteurs de calculer le coût du kWh en 2050 au centime près pour affirmer qu'il est comparable à celui du nucléaire !
  • les hypothèses prises par le rapport sont au mieux très optimistes, au pire complètement irréalistes; qu'il s'agisse du dimensionnement des équipements, des capacités de stockage de l'électricité, des possibilités d'échanges d'électricité aux frontières, de l'équipement massif des logements et des industries en système de pilotage de la consommation très performants, etc.
  • les hypothèses météorologiques du rapport sont beaucoup trop favorables et ne reflètent pas du tout la réalité. Preuve sans doute que les auteurs eux-mêmes savaient bien que le scénario qu'ils décrivent ne résisteraient ni à un hiver très froid comme en 1985 ou 1987 (sans parler de 1956 ou 1963) ni à un été caniculaire comme en 2003
  • les anticipations de baisse des coûts des équipements (éoliennes, panneaux solaires, batteries, etc) sont totalement irréalistes
  • le rapport n'a même pas étudié les émissions de CO2 du scénario proposé, ce qui est un comble. Mais il est clair que le réchauffement climatique n'est pas le sujet qui préoccupe les auteurs.  Leurs motivations sont plutôt de tenter de justifier la gabegie et l'ineptie d'une politique excessive et dogmatique en matière d'énergies renouvelables.
Bref la lecture attentive de ce rapport montre, tout à l'inverse de ce qu'on cru pouvoir y lire les promoteurs des énergies renouvelables, qu'aller au delà des 40% de renouvelables dans le mix électrique de la France métropolitaine serait très risqué pour l'approvisionnement et la fiabilité du système électrique. Mais aussi très coûteux.